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L’édito de juin 2023 est écrit par Ferdy Louisy, Maire de Goyave en Guadeloupe, Président du Parc National de Guadeloupe et membre d’honneur de l’ONG COEDADE.EU. Il évoque les effets du changement climatique qui marquent de plus en plus négativement les territoires et les populations qui y vivent, particulièrement les petits pays insulaires de la Caraïbe...
« En Guadeloupe, les habitants ont un lien fort avec la nature qu’ils pratiquent au quotidien pour leur santé, leur bien-être, leur alimentation, leurs loisirs, etc. Certains en tirent même un bénéfice économique : agriculture, pêche, loisirs, etc.
Nous devons accompagner les acteurs du territoire vers une plus grande durabilité des activités humaines afin que le développement économique et social ne se fasse pas au détriment de la nature.
La conservation et la valorisation des patrimoines naturel, culturel et paysager du territoire nous semble nécessaire pour réussir cette cohabitation entre l’homme et la nature.
Les effets du changement climatique marquent de plus en plus négativement les territoires et les populations qui y vivent, particulièrement les petits pays insulaires de la Caraïbe. L’élévation du niveau de la mer et les menaces graves sur les forêts marécageuses, constituent un exemple majeur qui devrait susciter une réaction urgente des pouvoirs publics et de la société civile.
Mais le danger vient aussi de l’intérieur des terres avec des crues de plus en plus fortes qui augmentent considérablement les risques de pertes en vies humaines. Il nous faut donc rendre pérennes l’entretien et la restauration des cours d’eau et des ouvrages de protection contre les crues.
Cette mission incombait auparavant à différents acteurs : les régions, les départements, les communes et leurs intercommunalités qui pouvaient s’en saisir, mais aucune de ces collectivités n’en était spécifiquement responsable jusqu’à la loi sur la GEMAPI.
Le constat que nous dressons, eu égard à tous ces exemples, c’est que la mise en œuvre de politiques publiques ne parvient pas à coller à l’agenda du changement climatique. La majorité de ces actions sont à postériori. Quand et comment le législateur réussira t’il à anticiper, voire stopper, ce dérèglement climatique ?
En attendant, nous, décideurs et acteurs locaux, agissons à qui mieux mieux, en nous débattant pour lutter, dans nos territoires respectifs, contre un fléau planétaire qui dépasse très largement nos frontières géographiques et politiques.
Une note d’espoir c’est de permettre et d’encourager la mobilisation des jeunes.
Le 1e forum des jeunes des réserves de biosphère de la Caraïbe qui s’est tenu les 2 et 3 décembre 2022 à Fort- de-France (Martinique) a réuni des représentants des 16 Réserves de biosphère de l’arc antillais réparties dans 9 pays. Dix jeunes guadeloupéens issus de l’Université des Antilles, du lycée professionnel de Pointe-Noire et du lycée Raoul Nicolo de Basse-Terre ainsi que du monde associatif y ont participé avec le soutien du Parc national de Guadeloupe. De ce forum est né le projet “KariMAB Jénès” qui permet à ces jeunes de concrétiser leur engagement pour la valorisation de leur réserve de biosphère.
Il nous faut agir pour une planification écologique respectueuse des communes d’une France Archipel
Dans un contexte archipélagique, la planification est un enjeu majeur pour les territoires communaux, davantage que sur les continents. Nos communes doivent pouvoir tenir compte de tous les besoins de service de leurs administrés, corrélés au maintien ou à l’essor des activités économiques, commerciales, artisanales, etc. A cela s’ajoute la nécessité de se prémunir contre les différents risques, qu’ils soient naturels ou technologiques.
L’adaptation des territoires face aux nombreux bouleversements auxquels nous avons à faire face et dont nous aurons à gérer, nécessite de planifier dans un délai contraint, la transition de nos lieux de vie en choisissant un aménagement des territoires à même de pouvoir répondre aux nombreux défis environnementaux, climatiques et de société. Cependant, le patrimoine local et communal, ancré comme valeurs universelles de notre société française, ne doit pas faire les frais des solutions d’adaptation face aux changements globaux.
J’en appelle donc à une vraie loi contre le changement climatique qui est à mon sens une grande cause nationale. C’est une question de vie… »