C’est un contraste frappant. Tandis que les COP (Conférences des Parties) visent à orchestrer une réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre, les conflits armés comme ceux en Ukraine et à Gaza génèrent un volume de CO2 qui met en péril ces mêmes objectifs. C’est une dissonance majeure entre les efforts diplomatiques pour le climat et la réalité de la géopolitique.


L’ampleur des émissions militaires

Le secteur militaire est un émetteur de carbone souvent sous-estimé, voire ignoré dans les négociations climatiques. En effet, les émissions liées aux activités militaires sont en grande partie exclues des obligations de reporting de l’Accord de Paris.

  • En Ukraine, les émissions de CO2 liées à la guerre depuis le début du conflit sont estimées à environ 230 millions de tonnes équivalent CO2. Pour mettre ce chiffre en perspective, c’est plus que les émissions annuelles de pays comme la Belgique ou le Portugal. Cette estimation inclut non seulement le carburant des véhicules militaires, les incendies de raffineries et les explosions, mais aussi les émissions futures liées à la reconstruction des infrastructures détruites.
  • À Gaza, l’impact environnemental est tout aussi dévastateur, bien que les données précises soient plus difficiles à obtenir. Les frappes aériennes, les opérations terrestres et la destruction d’infrastructures produisent des quantités importantes de CO2. De plus, la destruction de systèmes d’assainissement et de gestion des déchets entraîne une pollution massive du sol et de l’eau, exacerbant les problèmes environnementaux et de santé publique.

Ces émissions massives sapent directement les efforts consentis par les nations pour respecter leurs engagements pris lors des COP, comme le triplement de la capacité de production des énergies renouvelables et la réduction des émissions de méthane.


Un défi pour l’éco-diplomatie

Les COP ont pour mission de faire avancer le dialogue et l’action climatique, mais les conflits armés posent un problème insoluble à cette logique. La COP28 à Dubaï a pour la première fois reconnu le lien entre le changement climatique et les conflits, mais sans établir de mécanisme concret pour comptabiliser et réduire les émissions militaires. Le CICR (Comité International de la Croix-Rouge) a d’ailleurs appelé les Parties à la COP29 à prendre des mesures pour que l’action climatique soit renforcée dans les zones de conflit.

En conclusion, si la COP vise à une transition énergétique et une réduction des émissions, les conflits armés agissent comme une force inverse, générant des émissions considérables et créant un cercle vicieux où le changement climatique peut exacerber les tensions et les conflits pour l’accès aux ressources, et les conflits aggravent la crise climatique.

Emissions CO2 du secteur militaire
Emissions CO2 du secteur militaire (image générée par IA)