L’édito de novembre est écrit par Charles JOSEPH-ANGELIQUE, Vice-président de l’ONG COEDADE.
Charles, originaire de Martinique, possède une riche expérience professionnelle en informatique, notamment au sein d’EDF, où il a excellé dans les domaines des télécommunications et de la gestion des réseaux.
Sa carrière l’a également conduit à des rôles syndicaux et électoraux, devenant conseiller municipal et président de la commission du développement durable, de l’environnement, de l’énergie, et des risques naturels et technologiques lors de la création de la collectivité territoriale de Martinique.
Il a également représenté les RUP au Parlement européen à Bruxelles et joue un rôle actif au sein de diverses organisations, dont le COEDADE, l’ASSAUPAMAR, le MIR, et plusieurs associations culturelles et mémorielles.
En ce mois d’octobre, la saison cyclonique est à son apogée dans la majorité des territoires d’Outre-mer et des Régions Ultra-Périphériques (RUP). Heureusement, nous avons été jusqu’ici épargnés par les vents violents et les pluies torrentielles. Cependant, nous constatons malheureusement des coupures d’électricité fréquentes, ce qui soulève des préoccupations quant à l’état et à l’entretien de nos réseaux électriques.
Du côté des gestionnaires, nous notons avec satisfaction leur intention de rendre 100% de nos moyens de production d’énergie respectueux de l’environnement. C’est une démarche louable. Cependant, en tant qu’ancien homme de terrain, je m’inquiète particulièrement de l’état de nos réseaux de transport et de distribution. Sans ces infrastructures essentielles, nous ne pourrons pas acheminer notre précieuse électricité verte, quelles que soient nos avancées dans la production.
Les objectifs en matière de mix énergétique dans les zones non interconnectées sont fixés par l’État et les Régions. Ensuite, EDF, en tant que gestionnaire de réseau et producteur majeur, met en œuvre des solutions adaptées pour permettre aux Départements et Régions français d’Outre-Mer (D.R.O.M.) d’atteindre 100% de production d’énergie renouvelable d’ici 2030. Dès 2024, l’Île de la Réunion deviendra le premier D.R.O.M à être alimenté à 100% par des sources d’énergie renouvelable.
Une solution efficace consisterait à rapprocher les points de production des points de distribution, réduisant ainsi considérablement les coûts de transport. Ces économies pourraient être investies pour soutenir la production d’électricité renouvelable à proximité des zones de consommation, comme l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits.
Mon deuxième point concerne les transports, en particulier dans les RUP. Dans les zones très encombrées, où la circulation automobile est souvent impossible en raison d’embouteillages incessants entre 5 et 20 heures. Les transports en commun, tels que les gros bus, ne sont pas toujours la solution idéale. Les minibus de proximité peuvent créer des emplois locaux et établir des liens plus étroits entre les transporteurs et la population locale. Les chauffeurs ne seraient plus contraints de faire des allers-retours tôt le matin et tard le soir pour transporter les jeunes élèves. Les petits bus offriraient également la possibilité aux personnes âgées et aux mères de famille de se déplacer pour faire leurs courses plus facilement.
Pour conclure, je tiens à évoquer un dernier point concernant le transport maritime, une des thématiques majeures de notre ONG, le COEDADE. Dans de nombreuses régions ultramarines, le transport maritime de proximité est presque inexistant. Son absence constitue un défi de taille, impactant la connectivité, la mobilité et l’accès aux ressources essentielles pour les habitants des RUP.
Le transport maritime de proximité revêt une importance capitale pour garantir la stabilité économique et le bien-être des populations vivant dans ces régions éloignées. Il offre des opportunités de dynamisation des échanges commerciaux, de soutien au tourisme local, de facilitation de l’acheminement de biens indispensables, et de renforcement des liens interinsulaires.
Nous devons aborder ce défi avec sérieux, en explorant des solutions innovantes telles que le développement de lignes maritimes régulières, l’amélioration des infrastructures portuaires, et la promotion de partenariats publics-privés visant à promouvoir le transport maritime de proximité. Cette démarche contribuera à renforcer la résilience et le développement durable des RUP, tout en favorisant leur intégration économique à l’échelle mondiale.
Pour le COEDADE, il est essentiel que le transport maritime de proximité s’oriente vers des motorisations respectueuses de l’environnement, en privilégiant l’utilisation de carburants « verts ».