L’Europe et le Piège des Choix Énergétiques – Du Gaz Russe au Gaz de Schiste Américain
Chers amis du COEDADE, partenaires et citoyens des Régions Ultra-Périphériques (RUP) et de l’Europe,
Le mois d’octobre marque l’entrée dans la nouvelle saison, mais cette année encore, ce n’est pas seulement la météo qui nous préoccupe, c’est la facture et la souveraineté de notre approvisionnement énergétique. Les événements récents ont mis en lumière une vérité crue : la politique énergétique de l’Europe a été un chemin semé de paradoxes et de choix douloureux.
Le Prix de l’Illusion : Dépendance au Gaz Russe
Pendant des années, une partie significative de l’Europe a fait le choix du gaz russe bon marché, souvent au détriment d’une véritable stratégie d’autonomie et de la filière nucléaire (comme en Allemagne). Ce gaz, acheminé par gazoducs, était perçu comme une solution de transition « propre » par rapport au charbon, et économiquement avantageuse. Or, l’histoire a montré le coût réel de cette dépendance : une fragilité géopolitique extrême, transformant notre approvisionnement en levier de pression et en source de financement d’un conflit.
Le Paradoxe Environnemental : La Nouvelle Dépendance
Aujourd’hui, face à la nécessité de se défaire des livraisons russes (l’UE visant une sortie totale d’ici 2027 pour les contrats long terme), l’Europe se tourne massivement vers le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) majoritairement américain, issu de l’exploitation du gaz de schiste.
C’est là que réside le cœur de notre paradoxe :
1. L’Hypocrisie Environnementale : De nombreux États membres, y compris la France (depuis 2011), ont interdit la fracturation hydraulique sur leur sol en raison de ses risques environnementaux majeurs (pollution des nappes phréatiques, utilisation massive d’eau, risque sismique, et fuites importantes de méthane, un puissant gaz à effet de serre).
2. L’Empreinte Carbone Accrue : Le GNL américain, transporté par méthaniers à travers l’océan, présente une empreinte carbone significativement plus élevée (jusqu’à 2,5 fois plus que le gaz par gazoduc) en raison de l’extraction par fracking et de l’énergie colossale nécessaire à sa liquéfaction, son transport et sa regazéification.
En rejetant l’exploitation sur son propre territoire pour des raisons écologiques, l’Europe se retrouve à financer et à importer un combustible tout aussi controversé, augmentant sa dépendance à un nouvel acteur et externalisant le coût environnemental et sanitaire.

Le COEDADE : Réaffirmer la Souveraineté Durable
Ce cercle vicieux de dépendance — qu’elle soit géopolitique ou environnementale — doit être brisé. L’énergie est le fil conducteur de notre action. Le COEDADE appelle à une réorientation stratégique immédiate, conforme aux principes du Développement Durable :
Accélérer le Nucléaire et les Renouvelables : La vraie souveraineté se construit avec des énergies décarbonées produites sur le continent. Le renforcement des capacités de production et des interconnexions (comme le réaffirme la Commission) est vital.
Investir dans l’Efficacité et la Sobriété : La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas. Réduire la demande de gaz, comme cela a été fait avec succès en 2022 et 2023, doit devenir un objectif structurel, et non seulement une réponse à l’urgence.
Soutenir les RUP : Nos Régions Ultra-Périphériques peuvent et doivent être des leaders dans l’innovation énergétique, en exploitant leur potentiel unique en énergies marines, géothermie et solaire, pour montrer la voie de l’autonomie et de la résilience.
L’histoire nous a donné une leçon coûteuse. Ne troquons pas une dépendance géopolitique contre une autre dépendance, cette fois-ci, aggravée par un impact environnemental avéré et exporté. Il est temps que l’Europe retrouve son chemin vers une énergie véritablement propre, locale et indépendant.
L’Équipe du COEDADE
