L’édito d’octobre 2024, intitulé « Entre racines et horizons », nous plonge dans l’univers d’Edmony Krater, compositeur et percussionniste guadeloupéen, défenseur passionné de la culture gwoka, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Edmony y retrace son parcours artistique, profondément marqué par les sons de la nature guadeloupéenne, et exprime son engagement pour la préservation de l’environnement.

Edmony Krater rappelle également l’importance de l’inscription du gwoka au patrimoine de l’UNESCO, un projet abouti grâce à des années de lutte aux côtés d’autres défenseurs culturels. Son témoignage se conclut par un hommage à Olympe de Gouges, symbolisant son engagement constant pour la transmission des cultures et des valeurs humanistes.

Edmony Krater (Photo Patricia Huchot Boissier)

Depuis mon enfance en Guadeloupe, j’ai toujours été émerveillé et sensible aux différents sons qui proviennent de la nature, de l’aube au crépuscule, à ces eaux claires des rivières qui foisonnaient de poissons et d’écrevisses de toutes espèces et des mangroves, où je passais des heures à observer la faune marine et aérienne. Ce sont devenus, pour moi, une source d’inspiration intarissable.

J’ai eu de multiples passions telles que la création de mode ; en habillant plusieurs personnalités en Guadeloupe et en Martinique, Simone Schwarz-Bart, Michel Reinette, Joby Barnabé, … et la musique qui est né de ma rencontre avec Robert Oumaou, Georges Troupé, Patrick Rinaldo. Avec eux nous avons fondé un des groupes phares du Gwoka modern, GWAKASONNÉ, qui proposa une nouvelle direction musicale en partant du Gwoka.

J’ai composé plusieurs chansons sur la réalité guadeloupéenne, Natibel, une ode à la nature, Dlo pou viv ( de l’eau pour vivre), dénonçant cette triste réalité que vit la Guadeloupe depuis l’arrivée du Chlordécone, Fo kontinyé goumé (Faut continuer le combat), pour la préservation des espèces et de notre espace de vie.

Depuis toujours le gwoka, cette culture musicale comprenant le chant, la danse et la musique, qui est l’âme de la Guadeloupe, a toujours accompagné mon parcours artistique. Afin de la transmettre à la nouvelle génération, j’ai passé mon Diplôme d’État au Conservatoire de Lyon, qui m’a permis d’ouvrir les portes des lieux d’enseignement institutionnel. Jean Marc Andrieu, directeur du Conservatoire de Montauban me donna la possibilité d’enseigner le gwoka, une première en France métropolitaine.

Avec le peintre Piotr Barsony et le réalisateur, Jean François Delfour, j’ai composé et écrit le cd livre TANBOU édité au Seuil et réédité chez Syros, qui a été récompensé par le prix Octogone remis dans la maison du poète Arthur Rimbaud à Charleville-Mézières et le prix Francophone de l’Éducation Nationale à Abidjan. Ce conte musical à rencontré son public et a été joué dans plusieurs écoles et théâtres dans plusieurs pays.

Le chanteur et poète toulousain, Claude Nougaro, m’invita en tant que percussionniste au festival Garonne sur le thème de l’eau.  Nous étions très sensible à ce fleuve qui traverse la ville et qui rejoint l’Océan à Bordeaux.

Toujours dans l’esprit de créer de nouveaux sons et une nouvelle voie, j’ai  composé une rencontre avec la Harpe classique et celtique, à travers l’album Béliz, qui a été playlisté par Gilles Peterson et Elton John à la BBC, et sélectionné à l’Alliance française et l’ambassade de France en Grèce.

Avec le comédien Christophe Montrose et le pianiste, percussionniste Frank Souriant, nous avons formé le trio Madrépore pour créer la lecture musicale Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, que nous avons joué à l’Atrium, en Martinique, pour la date anniversaire des cent ans d’Aimé Césaire, l’un des plus grands poètes du XXème siècle.

Nous avons fêté le premier anniversaire de l’entrée du gwoka au patrimoine immatériel culturel de l’humanité par l’UNESCO en invitant le bâtonnier et avocat guadeloupéen , Félix Cotellon, qui a porté le dossier du gwoka à cette reconnaissance auprès de l’UNESCO. Pour cela nous avons organisé trois conférences, à Montauban, à la Mémo, à Toulouse au Capitole et au musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Avec la comédienne FirmineRichard, le metteur en scène, Franck Salin, la violoncelliste, Eugénie Ursch et le co-compositeur et claviériste Thierry Mvié, j’ai composé la musique d’Olympe qui est le dialogue entre l’Occitanie et les Antilles et qui rend hommage à Olympe de Gouges, une femme engagée, humaniste et féministe, qui a combattu
toute forme d’injustice.

Edmony Krater

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