Charles Joseph-Angélique

Dans l’éditorial de septembre 2024 intitulé « L’eau, c’est la vie ! », Charles Joseph-Angélique, un jeune sexagénaire au parcours riche et varié, partage ses réflexions sur les défis liés à la gestion de l’eau en Martinique. Après une carrière notable dans l’ingénierie des réseaux chez EDF et un engagement profond en tant qu’élu local et président de la commission du développement durable de la Martinique, Charles, également vice-président de l’ONG COEDADE, alerte sur l’urgence de moderniser les infrastructures d’eau face aux effets du changement climatique. Son éditorial appelle à une mobilisation collective pour garantir un avenir où l’eau, essentielle à la vie, reste accessible et propre pour tous.

Le corps humain est composé de 75% d’eau pour un nourrisson …puis 60% pour un adulte.La Terre est recouverte de 71 % d’eau. L’eau est bien une composante majoritaire de la vie sur Terre. L’élément « EAU » symbolise la sensibilité, la réactivité émotionnelle et l’empathie avec les autres.

Je vous parlerai de l’eau à la Martinique, mais la majorité de ce qui sera dit est transposable presque partout dans le Monde. 

Le changement climatique a un impact sur la disponibilité de l’eau dans le Monde entier, dans certains territoires cela se ressent d’une façon plus prononcée.

En Martinique, par exemple, en particulier pendant les périodes de sécheresse, qui sont plus fréquentes et plus intenses au fil de l’eau (sans jeu de mot), c’est sans équivoque très visible.  La Martinique doit donc développer des stratégies pour adapter sa gestion de l’eau aux effets du changement climatique.

En théorie, la Martinique dispose d’une ressource en eau potable importante grâce à la présence de nombreuses sources d’eau souterraines et de rivières.

Toutefois, elle doit faire face à des défis en matière de gestion de l’eau.

Ce constat date depuis plusieurs décennies, sans qu’aucune décision ne soit prise. 

Lors de la séance plénière des 25 et 26 Juillet 2024, de la Collectivité Territoriale de Martinique, a été voté à l’unanimité, une demande au Parlement, selon le cadre de l’Article 73 de la Constitution, pour une habilitation par le Parlement permettant à l’Assemblée de Martinique de fixer les règles spécifiques applicables sur tout le territoire en matière d’eau, avec la création d’une Entité Unique de l’Eau.

Les principaux axes seront :

  • Une modernisation de l’action publique territoriale
  • Une nouvelle organisation territoriale,
  • une gestion mutualisée de la ressource EAU,
  • une planification globale sur tout le territoire, avec un périmètre unique, la maitrise d’ouvrage, le prix de l’eau.

Cette demande d’habilitation est motivée par le changement climatique, la vulnérabilité des rivières, la répartition de la ressource, les infrastructures très vieillissantes et détériorées, la faible performance des réseaux et le prix de l’eau sur tout le territoire.

La Martinique dispose de 161 rivières dont 70 principales et 43 ravines, 126 sources recensées et suivies, 8 domaines hydrogéologiques qui renferment des eaux souterraines.

Il y a beaucoup de choses à dire sur ce qui a été fait, depuis qu’après la départementalisation en 1945, Aimé CESAIRE, avait dans les années 60, pour favoriser le confort des ménages qui ont quittés les campagnes pour rejoindre le chef -lieu, Fort de France, ordonné la construction rapide, mais provisoire des réseaux et la distribution d’eau potable dans tous les quartiers de la ville, avec à disposition peu de compteurs et peu de robinets et de vannes d’arrêts. Il avait la ferme intention de tout règlementer par la suite.

A ce jour, plus de 50 ans après, comme dit l’expression, « l’eau est bien passée sous les ponts » et le travail de mise aux normes des réseaux n’a pas été complètement fait, alors que l’on a déjà dépassé la date de leur remplacement.

Une pensée pour le Poète Aimé Césaire qui écrivait : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche », et espérons que par bonheur, dans nos robinets continueront à couler l’eau, l’essentiel de la vie, et qu’elle soit de plus en plus potable

Charles Joseph-Angélique

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